Historique

La Plaine de Pierrelaye Bessancourt, qui s’étend sur 2000 hectares historiquement boisés, a été gagnée par l’activité maraîchère dès le XVIIIème siècle. Le début de la révolution industrielle au milieu du XIXème siècle et la prise en compte des problématiques sanitaires de l’agglomération parisienne bouleversent le devenir de la Plaine. En effet, face à la nécessité de collecter et traiter ses eaux brutes, un réseau d’égouts est mis en place afin de les acheminer sur les plaines de Pierrelaye, d’Achères et de Triel pour les épurer biologiquement. Le décret du 11 avril 1896, autorise la Ville de Paris à épandre des eaux d’égout vers la plaine de Méry-sur-Oise et de Pierrelaye. S’en sont suivis près de cent ans d’épandage.

D’abord organisés par la Ville de Paris puis par les départements de la Seine, et de la Seine-et-Oise, la collecte et l’acheminement des eaux usées brutes sont confiés à partir de 1970 au SIAAP, qui devient progressivement l’institution compétente pour le traitement des eaux usées des quatre départements centraux d’Ile-de-France et de 180 communes de la grande couronne.

L’apport de ces eaux chargées en matières organiques et en nutriments a eu pour conséquence le développement d’un maraîchage très productif. Ainsi, au XXème siècle, l’activité agricole s’intensifie sur la Plaine.

Cependant, l’application de la loi N°92-3 du 03/01/1992 dite « loi sur l’eau » en condamnant le rejet d’eaux usées brutes dans le milieu naturel entraîne la fin de ces pratiques progressivement jusqu’en 2001. Les conclusions des différentes études environnementales et sanitaires menées depuis 1992 révèlent la pollution des sols. L’épandage prolongé d’eaux usées a introduit dans la couche superficielle des sols une teneur excessive en éléments-traces métalliques (ETM).

L’agriculture destinée à l’alimentation humaine est alors interdite sur ces sols (arrêté préfectoral du 31 mars 2000), remettant en question le maraîchage. Les grandes cultures permettent de poursuivre l’activité agricole à destination non humaine mais dans un contexte économique plus fragile nécessitant des aides spécifiques. Dès lors, avec la pollution et l’arrêt programmé des irrigations, l’usage et la destination agricole de ce vaste espace sont remis en question et les acteurs politiques, institutionnels et agricoles se mobilisent pour rechercher une nouvelle vocation à cette Plaine fragilisée, dont la situation se dégrade progressivement.

Le site reste actuellement à dominante agricole mais pâtit également de nombreuses activités et occupations illégales (aménagements sauvages, installations illégales, dépôts sauvages, …) qui ajoutent, à la pollution des sols existante, une pollution visuelle et environnementale.

Le projet de création d’une forêt sur la Plaine est né de la volonté de requalifier ce territoire engagé dans un processus de dégradation et de lui offrir de nouvelles perspectives.

La Plaine est identifiée comme un maillon de la ceinture verte régionale dans le Plan Vert régional d’Ile-de-France, publié en Octobre 1995. Cette volonté de protection d’espace naturel est formalisée dans le Schéma Directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF 1994) et réaffirmée dans le SDRIF de 2013.

Un premier travail sur le devenir de la Plaine est conduit de 1999 à 2006 par le SIECUEP (Syndicat Intercommunal pour l’Etude de la Charte d’Urbanisme et d’Environnement de la Plaine de Pierrelaye-Bessancourt). Il a permis d’animer une réflexion et des actions sur le territoire :

  • approbation d’une charte d’urbanisme et d’environnement proposant un projet de territoire visant à protéger les espaces naturels et à conforter et développer les continuités forestières,
  • réalisation d’une vaste opération de résorption des dépôts sauvages,
  • création avec le Département du Val d’Oise d’un périmètre d’Espace Naturel Sensible (ENS) pour conforter les objectifs de protection des secteurs boisés.

En 2009, la Direction Départementale des Territoires du Val d’Oise et le Département du Val d’Oise relancent la réflexion par l’engagement d’une étude visant à élaborer un schéma d’aménagement prenant en compte l’évolution de l’activité agricole, les possibilités de boisement de la Plaine et la restructuration des franges urbaines. Au terme de cette étude et du séminaire scientifique présidé par le Préfet du Val d’Oise sur les conclusions des études environnementales et sanitaires menées sur la Plaine depuis une quinzaine d’années, le projet de créer une forêt fait consensus chez tous les acteurs du territoire fin 2010.

Les partenaires locaux et l’Etat s’engagent alors dans le cadre d’un groupement de commandes sur la réalisation de cinq études pré-opérationnelles visant à définir les conditions techniques, juridiques et financières.

En 2015, le schéma d’aménagement forestier de la Plaine est élaboré. Ce schéma répond aux contraintes techniques décelées par les études pré-opérationnelles et a pour ambition la requalification et la renaturation de la Plaine. Il s’inscrit également dans une logique d’aménagement régional. La forêt permettra de valoriser de façon durable cette Plaine, en affirmant son rôle naturel et écologique, en proposant un nouveau poumon vert aux Franciliens permettant ainsi de construire une image positive pour ce territoire.